WARHOL SMITH & ISAAC KOWALSKY
« teenage love affair »

Isaac venait de sortir de son dernier cours. Cette année comme toutes les années il avait pour but de faire lire à ses élèves une dizaine de livres français. Ils ne seraient pas contents, évidemment. Ils soupireraient et râleraient quand il leur annoncerait le nombre de livres qu’il allait leur faire lire et lui, intérieurement il serait satisfait de son plan machiavélique. A côté du fait qu’il était professeur de langues et qu’il fallait lire pour apprendre une langue, il était extrêmement sadique avec ses élèves et c’était pour cela qu’ils l’appréciaient. Faisant des signes de saluts à ses nouveaux élèves de premières années excités comme des puces à l’idée que leur première journée dans la cour des grands était terminée et qu’ils allaient pouvoir tout raconter à leurs amis et à leur famille, il partit en direction du bâtiment Aldrin Hall où se trouvait la bibliothèque. Un nouvel arrivage de livres étrangers était arrivé pendant les vacances d’été et il n’avait pas encore fait le tour de tous ces livres. C’était un plaisir pour lui, même si finalement il savait qu’il avait sûrement déjà lu tous ces livres. Il aurait tout de même besoin de les avoir devant lui pour faire la liste des livres qu’il voudrait étudier avec ses élèves cette année. Isaac était finalement déjà arrivé au bâtiment concerné. Il sortit son iPhone pour vérifier ses appels quand il fut bousculé – ou bouscula quelqu’un. Il leva la tête vers le concerné et il découvrit finalement la concernée. Une jeune étudiante – sûrement – brune et qui lui disait quelque chose. Il fronça les sourcils. Est-ce que c’était l’une de ses étudiantes ? Non, cela remontait à autre chose. Il ne savait pas. « Veuillez m’excuser. » dit-il à l’encontre de l’étudiante. Il savait qu’il l’avait déjà vu, parce que rien qu’en voyant l’expression sur le visage de la jeune femme, il savait qu’elle aussi l’avait déjà vu quelque part. « Non, c’est moi. » répondit-elle. Il avait put sentir son ton gêné, mais ce ne fut pas cela qui lui glaça le sang. Il reconnaissait maintenant cette voix. Il écarquilla les yeux. Alors c’était elle ? Que faisait-elle ici ? Le monde était-il aussi petit ? Impossible, c’était un coup monté, une caméra cachée. Isaac quitta le visage de l’étudiante du regard pour lancer un regard autour d’eux, personne dans les couloirs. Il remit ses idées en place, c’était bien elle oui, mais inutile d’en faire tout un plat. Des années avaient passées depuis et elle avait grandit, oh oui, elle avait grandit et il l’avait bien remarqué. Elle avait murit, tant du visage, du corps et même des expressions qu’elle adoptait. Il reporta son attention sur la jeune femme, qui était restée là à le regarder, tout aussi abasourdie qu’il l’était. « Warhol, c’est bien ça ? Londres, en dernière année de Lycée ? » Demanda-t-il, retrouvant son expression décontracté. La jeune femme fit un signe positif de la tête. Soudain des dizaines d’images et de souvenirs vinrent envahir l’esprit du professeur de langues. Oui il avait été professeur à Londres, en dernière année de lycée et cela n’avait pas été une année de tout repos. Cela avait été sa première année d’enseignement, c’était réellement un bon souvenir, une classe agréable et des élèves sympathiques. Mais Warhol était gravée dans son esprit, elle avait été différente, surtout envers lui. Ce n’était évidemment qu’un amour de jeunesse, d’adolescente. Lorsque l’on rencontre une personne d’un autre monde, d’une autre vie, d’un autre pays, un jeune professeur aussi charismatique qu’Isaac, on pouvait comprendre que les jeunes filles pouvaient craquer pour une telle influence masculine dans leur vie. Craquer était un mot, tomber amoureuse était tout autre chose et c’était ce qu’avait fait Warhol. La pire des choses qu’elle avait put faire était d’en parler à son professeur. Cela avait été difficile de prendre ses distances avec son élève, qui était une bonne élève. Une de ses préférées de cette classe. D’un côté il ne voulait plus lui adresser la parole pour ne pas engendrer d’ambigüités entre eux deux, mais d’un autre côté il ne pouvait pas abandonner une élève comme cela. Mais c'était du passé à présent. Elle avait changé, il avait vieillis. Elle ne s'intéresserait plus à lui, alors il pouvait parler en toute liberté. « C'est fou comme le monde peut être minuscule, tu ne trouves pas ? » demanda-t-il un léger sourire taquin sur ses lèvres. « Alors dis moi, en quelle année es-tu ? Quel cursus as-tu suivi ? » demanda-t-il pour détendre la pauvre étudiante qui était toujours sous le choc de ces retrouvailles.