« je respire, et tu m'inspires, jusqu'à nos expirations »
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Sujet: « je respire, et tu m'inspires, jusqu'à nos expirations » Mer 3 Nov - 10:18
« Je respire, et tu m’inspires, jusqu’à nos expirations. Où allons-nous ? Le savons-nous ? »
Sous le couvert de la nuit noire qu’aucun réverbère ne semblait daigner éclairer de ses charmes, les lèvres de l’imprudent se serrèrent contre celle de la jeune femme, cette même jeune femme qui se voulut pucelle quelques secondes encore. Une fois ne faisant pas putain, elle n’éconduisit guère cet homme qui, pourtant, la rebutait plus encore que l’antidote face au poison. Comme il passait ses doigts hardis sous les revers du tissu, elle tentait de galvaniser ses dernières résistances afin de ne point céder au dégoût pur et simple que lui inspirait ce corps souillé pressé contre le sien. Ce fût peine perdue quand elle sentit toute l’ardeur avec laquelle il la convoitait. Alors, l’instinct prenant le pas tout le reste, elle se débattit farouchement jusqu’à ce que ses ongles de lady décadente s’enfoncent dans la peau de son assaillant. Celui-ci geignit une plainte qu’il étouffa en se serrant d’autant mieux contre elle, coupant la respiration de la belle, belle dont l’estomac était déjà soulevé par l’odeur insoutenable de l’alcool bon marché, du tabac froid et autres déchets organiques dignes de se putréfier. Douloureusement investie par ce corps étranger, elle souffrit la conscience de son âme émiettée aux quatre vents. Le souffle court, les lèvres sèches, sa douleur apeura ses derniers ersatz de courage pour s’anéantir dans un gémissement étouffé. Les secondes devinrent des minutes, et chacune prit la teinte d’une lente expiation pour laquelle elle refusait de se repentir. Au comble de ses entrailles violées, elle perdit connaissance, quelques funestes instants au goût d’Eden, pour que la chaleur mortifère de son geôlier vienne encore brutaliser sa tranquillité et s’éteindre d’un râle.
Ce soir-là, Keane avait perdu sa virginité sur un full aux rois par les dix. Cette combinaison, elle n’aurait su l’oublier. Jamais. Et, étrangement pour le commun des mortels, c’était là le souvenir qui ressurgissait toujours des abysses de sa mémoire quand, une fois encore, elle osait se présenter à une énième partie de poker. Comme à son habitude, elle la jouerait sans conscience, morale ou dignité. Si elle l'avait pu, elle aurait certainement misé son insouciance une seconde fois ; cela avait bien l'odeur, la couleur et la saveur d'un viol, mais d'un viol consenti, comme une toute première souffrance qu'elle s'était incisée dans le corps, dans la peau, pour ne plus jamais oublier qu'elle ne saurait perdre quoi que ce fût qui fût supérieur en valeur.
Enveloppée dans la soie d'un robe d'un rouge sanguin, elle passa tranquillement le seuil de la porte, jusqu'à se présenter au regard froid, mais certain, d'Adam Danielson, digne propriétaire de la demeure. Mi chercheur en sciences humaines, mi escroc, Danielson s'était construit une solide réputation de bon vivant, coureur et menteur, tout aussi libre que le vent, fougueux que le feu et fuyant que l'eau. A son sujet, nul ne devait nourrir qu'une unique certitude : il ne fallait rien croire, pas même ce qu'il présentait avec évidence. Aussi, et quand il posait un regard lourd d'envie sur ses traits farouches de jeune femme, Keane y devinait finalement un mépris, doublé par la méfiance. Cette fois-ci, Adam lui concéda une franche poignée de mains, où ses doigts s'éternisèrent au contact de sa peau. A considérer ses pupilles dilatées, elle sut qu'il ne feintait pas son désir, tout surexposé qu'il était. Soit, il la désirait sincèrement, mais la manière dont il le lui démontrait ne signifiait rien d'autre qu'une énième manœuvre pour abuser sa conscience de jeune personne. Keane fit donc le choix consciencieux d'accepter la faveur sans s'offusquer du jeu que ces artifices dissimulaient. Quand, enfin, il l'invita plus avant à prendre partie aux festivités, elle passa si près de lui qu'elle en aurait pu sentir toute la vigueur qu'il mettait à satisfaite ses vanités de jeune lady désenchantée.
La démarche certaine, habituée, elle alla prendre place à la table la plus enfoncée dans la pièce, à moitié dissimulée par l'escalier qu'elle était. Keane ne se rappelait plus qui avait eu le bon goût de l'y envoyer, mais elle ne regrettait pas ce confort intimiste qui lui donnait souvent le sentiment de rejoindre un savant refuge. Aussi retrouva-t-elle, d'un certain plaisir, les quatre mêmes joueurs qu'à l'habitude, sur les six qui devaient la composer. « Tiens donc, lâcha un grand homme, à l'attitude tout juste distinguée de par son mépris affiché de l'hygiène la plus élémentaire. Ne serait-ce pas la putain de Theodor ? ricana-t-il à l'intention de son camarade qui gloussa grassement. » Sans s'être jamais démontée, Keane abîma son regard dans celui d'Elliot Abbot, dont nul n'ignorait l'amertume qu'il vouait aux femmes à s'être tant heurté à leur froideur téméraire. « Serait-ce mon débiteur ? rétorqua-t-elle d'un ton dégagée en se penchant tranquillement sur la table habillé de jetons. » Les rires s'affadir bientôt, et la colère pointa de son grognement acéré. « Si, ce soir encore, la chance ne tourne pas en ta faveur faute de talent... je te laisse deviner qui sera la putain de qui, Abbot. » Les mâchoires se crispèrent jusqu'à crisser, réflexe qui arracha à la jeune Whitaker un rire plus clair encore que le cristal, innocence volubile derrière laquelle se cachait une cruauté d'une rare maturité.
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Sujet: Re: « je respire, et tu m'inspires, jusqu'à nos expirations » Dim 14 Nov - 22:51
Sa longue crinière rousse flottait derrière elle, caressant délicieusement ses épaules nues, ses formes n’étaient à présent plus que des taches écarlates peignant l’horizon. Elle s’éloignait. Je me retrouvais là, impuissant, la gorge nouée, tentant désespérément de la retenir, de crier son nom. Mais aucun son ne sortait. La brume l’avait déjà effacée. Un silence pesant transperça la pièce et sa respiration s’accéléra soudainement.
Il avait ce hoquet singulier qui surgissait le plus souvent quand il était en proie à une peur panique. Ses membres se raidissaient alors et chaque fois qu’il tentait inconsciemment d’étouffer sa plainte dans la moiteur de son oreiller, son malaise s’accentuait. Quand il ouvrit enfin les yeux, après plusieurs spasmes, Hyacinth contemplât longuement l’horloge en fer forgée à sa droite qui indiquait dore et déjà la nuit tombée. Comme à chaque fois qu’il abandonnait les bras de Morphée, il restait un long moment immobile scrutant le plafond de sa chambre essayant de se remémorer les évènements marquants de la veille. Et comme à son habitude, il sombrait dans un désert d’incompréhension.
Hyacinth pensait somnoler lorsqu’il sentit une main audacieuse descendre le long de sa colonne vertébrale hérissant chaque poil de son corps. Ce n’était que Pam. Une jeune serveuse qu’il avait l’habitude de posséder trois nuits par semaine, voire quatre quand il était tout particulièrement d’humeur pour une chevauchée fantastique. Pam n’était qu’un trophée de plus à son tableau de chasse et la malheureuse ne le savait que fort bien. Mais elle devait tout de même éprouver un plaisir masochiste à se laisser manipuler comme une vulgaire poupée de chiffon étant donné qu’elle ne l’avait toujours pas fuit. Comme toutes celles qui l’avaient précédée du reste. Il était 19h et Pam était en terrain miné. Elle aurait du être partie depuis un bon bout de temps, mais non elle insistait encore et encore, espérant qu’un jour cet homme si mauvais pourrait l’aimer. C’était peine perdu, jamais ô grand jamais, celui-ci n’éprouverait de la moindre compassion pour cette chair dont il jouissait chaque jour, sans le moindre remord. « Bonsoir mon amour» lui souffla-t-elle dans le creux de l’oreille. Hyacinth eut un geste de recul instinctif, se leva et alla s’enfermer dans la salle de bain en quête d’un peu de tranquillité. Il réapparut une heure plus tard, habillé d’un costume Yves Saint Laurent à 20 000 dollars, le cheveu reluisant et un rictus diabolique dans le coin des lèvres. « Désolé Pam, non pas que je te chasse, mais je sors ce soir… je t’appelle bientôt okay ? » Aussitôt dit, aussitôt fait, la jeune femme s’effaça tel un mauvais souvenir, comme si ni elle, ni leur nuit d’amour n’avait jamais vraiment eu lieu et encore moins existées.
Le regard plongé dans son whisky pur malt, Hyacinth s’amusait avec son verre, les glaçons s’entrechoquaient bruyamment captant l’attention de tous ceux qui l’entouraient. Il adorait ça, se faire remarquer. Plusieurs fois déjà il avait été rattrapé par les ennuis pour avoir trop provoquer sa chance. Il se rappelait notamment la fois où il avait dérobé une statuette sacrée dans un temple du sud-ouest du Cambodge. Son père avait signé un très gros chèque pour lui permettre de sortir de prison. Il l’avait d’ailleurs laissé plus d’un mois dans la souffrance et la moisissure afin de lui donner une bonne leçon. Mais rien ne l’arrêtait, son désir de passer au dessus des lois et de l’éthique était plus fort que tout, plus fort que l’amour même. L’adrénaline était sa maîtresse. Il était plus de 22 heures maintenant, et Hyacinth devait bien avoir la moitié de la bouteille dans le sang. Il était fin prêt pour aller dépenser inutilement quelques billets verts. L’heure du rendez-vous approchait à grands pas et Hyacinth était incroyablement excité à l’idée de retrouver ses compagnons de table. Par habitude, il aimait se faire désirer et arrivait toujours avec une ou deux heures en retard, or ce soir-là il avait décidé que sa ponctualité serait maîtresse d’une soirée réussie.
« Salut Ted ! Je viens pour la petite soirée au sous-sol. » « Monsieur Theodor, vous savez pertinemment que vous n’êtes plus le bienvenu depuis l’incident de la semaine dernière, de plus, Madame Whitaker est déjà en bas et je doute que vos retrouvailles soient paisibles. Monsieur Elliott m’a expressément ordonné de ne pas vous laisser entrer ce soir. Je suis ses ordres à la lettre vous savez bien, je ne me permettrais pas de désobéir, j’ai une famille à nourrir. » « S’il te plait Ted, on se connait depuis longtemps toi et moi…si tu as besoin d’argent tu sais que je suis la…c’est mon seul plaisir dans la semaine, s’il te plait, aie pitié d’une pauvre âme en déroute… » « je…vous savez bien que… » « Okay, okay….ADAAAAAAAAAAAM !!! mon vieux…ramène tes fesses ici un peu que je te dise le fond de ma pensée, laisse-moi entrer ! Je sais que tu m’entends, si tu ne viens pas je te jure que je mets le feu à ta baraque ! » « Il suffit Hyacinth, cesse d’importuner Ted ! Tu ne l’as donc pas entendu, dois-je le répéter une seconde fois ? Tu n’es plus le bienvenu dans cette maison, c’est clair ? » « Allez, quoi, fait pas ton rabat-joie, tu as besoin de moi, tu le sais ça n’est-ce pas ? Je suis indispensable à ta petite entreprise, je suis ton plus gros joueur, et je miserais encore plus gros ce soir s’il faut. J’achèterais ma place si c’est ça que tu veux ? Tu en meurs d’envie n’est-ce pas ? Tu sens déjà cette odeur…comment pourrais-tu résister à l’appel du pognon ? » « Tu empeste le rat crevé à des kilomètres à la ronde. Mais comment pourrais-je t’évincer en effet... tu es ma petite mine d’or. Entre, mais sache que je te garde à l’œil et au prochain faux pas, c’est la porte, tu m’entends Theodor ? La porte ! » « Je suis irrésistible… » « Ne te repose pas trop sur tes lauriers, tu risquerais d’être fortement déçu. »
Hyacinth s’empressa de contourner la lourde porte d’entrée et de se diriger tout droit vers l’escalier menant au grand salon, la ou tout se jouerait ce soir, la vie, la mort, l’amour. D’un geste contrôlé il alluma une cigarette et pris place autour de la table laissant tous ses occupants cois de surprise.
« Bonsoir, Mademoiselle, Messieurs…prêts à capituler ? »
« je respire, et tu m'inspires, jusqu'à nos expirations »
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