by LJ's.

Il a envie de se noyer dans une baignoire d'eau tiède et savonneuse. Frissonnant au fond de son lit, il tourne la tête et aperçoit à travers les volets les timides lueurs d'un soleil d'un matin automnal. Doucement, il s'extirpe des couvertures, ne tenant plus en place après une longue nuit entrecoupée d'insomnies. Puisqu'il ne peut pas dormir, et s'offrir la grasse matinée qu'il désirait, Tobias s'octroie un petit plaisir ; il va profiter de la piscine du campus, seul. Il doute qu'à huit heures du matin, un dimanche, il y ait une seule âme qui ose s'aventurer dans les bassins. Silencieusement, comme un chat, Tobias attrape un sac au pied son lit, y fouille pendant quelques minutes et en tire un maillot noir, qu'il enfile sous un jean. Il revêt un simple tee-shirt et s'enfuit de la petite chambre universitaire comme un voleur.

Comme le campus est calme les dimanches matins. Mais Tobias ne s'attarde pas. Tout son esprit est tendu vers son ultime but : le bassin. L'eau l'obsède. Elle fait partie de lui, depuis toujours. Peut-être parce qu'il est né dans un bassin ? Sa mère, en choisissant de mettre au monde son fils de cette façon, ignorait qu'elle lierait le nourrisson à cet élément pour toujours. Mais c'est un fait. Tobias ne se sent bien que sous l'eau. Il pourrait y rester des heures. Son silence le calme, le berce. Il voudrait pouvoir respirer sous les flots, pour pouvoir y rester toujours. Il s'y sent comme un enfant dans les bras de sa mère. Il accélère légèrement le pas pour pouvoir y arriver plus vite. Ca n'est pas loin, mais le froid matinal lui pique les joues et il lui tarde de se laisser couler au fond du bassin pour se réchauffer. Les allées et les rues sont désertes. Tout le monde dort et cuve sa gueule de bois. Le bâtiment du gymnase se découpe dans la légère brume du matin. Tobias passe devant la loge du gardien, le salue – c'est un habitué de l'endroit et se dirige vite vers les vestiaires. Il se débarrasse de ses vêtements pour ne rester qu'en maillot. Ca sent bon le chlore et la moiteur, odeurs habituelles des piscines. Tobias pénètre dans ce qu'ils appellent la « piscine sportive ». La plus profonde. La plus large. Il savoure pendant un instant de posséder l'endroit pour lui seul, puis s'assoit sur le rebord de la piscine, effleurant la surface lisse et la ridant d'ondes symétriques. Puis sans prévenir, il se relève et plonge.

Il sent l'eau glisser et rouler contre sa peau, et ça lui fait un bien fou. Les gestes lui reviennent naturellement, mécaniquement. L'eau est tiède, délicieusement tiède. Lentement, presque à regret, il remonte à la surface pour reprendre de l'air et nage jusqu'au rebord, puis se laisse glisser contre la paroi carrelée, prenant la position du foetus sous l'eau, fermant les yeux, retenant sa respiration au maximum. Il vide son esprit de toute question, de toute souffrance. Il se laisse engloutir par les flots, et la sérénité l'envahit comme à chaque fois. Il est seul, seul au monde, et il est bien.

La nuit trônait dans la pièce, ne laissant qu’une semi obscurité me laissant percevoir le désarroi de la pièce semblable à l’océan des inondes. L’odeur saumâtre de l’alcool, elle aussi se devait dérangeante pour mes narines qui ne pouvaient s’empêcher de sentir cet effluve ardu. Ma tête me semblait trop lourde à porter, tombante lasse sur mes épaules. Mon corps entier se mourrait de la fatigue de la fête. Je reste passivement assis sur mon lit à attendre, en vain, un sommeil qui jamais ne viendrait. Je pouvais percevoir en faisant attention, la musique de l’autre côté du mur. Des vibrations régulières d’une musique electro qui ne s’arrêtait jamais, et répétait sans cesse les mêmes rythmes. Le harassement était si important, qu’il me donnait envie de hurler un manque. J’implorais de pouvoir dormir, mais dans ce merdier sans fin, où le repos était un luxe. Finalement, comprenant que l’attente ne servirait à rien, je décidais de quitter cet endroit. Je n’avais ni but, mais je décrétais malgré ça de trouver refuge en attendant le petit matin.

Simplement habillé, je me retrouvais dans la rue à chercher un endroit où je pourrais me reposer. Malheureusement à cette heure si, tout ou presque était fermé. Mes pas me menèrent au complexe sportif, qui a mon étonnement était déjà ouvert. Certainement pour les entraînements sportifs de haut niveau. Seulement hors de question pour moi de commencer la journée par des pompes ou des tours de terrain. J’avais plus envie d’un endroit agréable, doux et chaud, comme l’eau d’une piscine qui nous enveloppe et nous enferme. Passant devant le local de la piscine, je volais un maillot de secours. L’idée de porter un maillot porté par autrui, n’était guère une idée plaisante, mais je préférais ne pas me baigner nu, on ne savait jamais si quelqu’un était destiné à venir.

J’essayais d’allumer le jacuzzi quand soudain, j’entendis le contact de l’eau contre un corps humain. Je me dirigeai vers le grand bassin, ou je vis un jeune homme, tête sous l’eau entamer une longueur. Dans l’eau, il semblait grand, élégant et d’une souplesse rare comme si son corps s’articulait dans l’eau. Quand il sortit sa tête dans l’eau toute suite je le reconnu : Tobias. C’était une connaissance de l’université avec qui j’avais déjà eu l’occasion d’échanger quelques mots. Un sourire flottant sur mon visage, je m’approchai de lui en lui laissant : « Très matinal pour un petit plongeon » puis je continuai « Tu voulais peut-être avoir la piscine pour toi tout seul ? » (hj : désolé j'ai toujours beaucoup de mal avec les intros->)